"Le Garçon qui savait tout": un extrait

En juin sortira, aux éditions Syros, "Le Garçon qui savait tout", un roman pour les 10-12 ans. Je vous en ai déjà parlé. Voici un extrait, alors que je viens de boucler la version définitive.

L'un des moments les plus intéressants à la pêche, c'est l'instant où le bouchon se met à tressaillir, avant de s'enfoncer légèrement sous l'eau. Vous avez une touche ! A cet instant, plus rien d'autre n'existe que le bouchon et le moulinet entre vos mains. Votre cœur accélère, votre champ de vision rétrécit. Vous redevenez sauvage.
Sauf que je n'avais pas le cœur à l'ouvrage. Je songeais à Maï, à la fleur de nénuphar, aux messages sur son portable, à ses amis sur internet.
Je me trouvais bête. Je ne serais jamais un chevalier. Encore moins son chevalier, le prince charmant de la reine des roses.
- Gros nul, ai-je marmonné en relevant ma canne de quelques centimètres pour agiter mon appât devant le nez des poissons.
Parfois, c'était suffisant pour leur donner envie de le gober. Pourquoi la vie n'était-elle pas aussi simple ?
Des branches ont craqué derrière moi. Je me suis retourné, m’attendant à voir arriver un autre pêcheur. Ou peut-être un renard égaré.
Au lieu de ça, un sauvage est sorti des fourrés.
Le garçon devait avoir à peu près mon âge. Pour tout vêtement, il ne portait qu’un pagne en tissu de couleur émeraude.
Sa peau bronzée, presque dorée, était couverte d’étranges courbes vert sombre. Elles s’enroulaient comme des lianes autour de ses bras minces, de ses jambes musclées et de son torse. Ses cheveux longs, châtain clair, tombaient sur ses épaules.
Vif comme un félin en maraude, il a foncé vers moi. Fouler pieds nus les herbes hautes qui couvraient la rive n'a pas semblé le déranger.
Je me suis demandé si je n'étais pas plongé dans une sieste, en train de rêver.
– Je ne te vois pas, a-t-il dit d'une voix rauque en pointant un index accusateur dans ma direction. Je ne reçois aucune donnée de ta part. Pourquoi, tu n'en a pas ?